CONCEPTION , SCÉNOGRAPHIE, VIDÉO, PERFORMANCE, MIXAGE: BENJAMIN BEGEY
SON: FRANK PETIT
(30 MIN )
HTTP://TRAVERSE-VIDEO.ORG/?ATTACHMENT_ID=1454
HTTP://ART-FLOX.COM/EXPO-DICILA.HTML
HTTP://WWW.PLANETE-BORDEAUX.FR/3EME-EDITION-DE-ROCK-IN-SENTOUT-VIN-ET-MUSIQUE/
AVEC LE SOUTIEN DE
CLOS NADAU lieu de création , OHMWORK, ATELIER ZELIUM, ESPACE 29, ROCK IN SENTOUT, TRAVERSE VIDEO
PROPOS
DICILA propose une expérience énigmatique sur la prise de conscience du grand tout et du grand flou.
Cette vidéo performance aborde un rapport d’échelle stupéfiant entre l’homme et son environnement,microcosmes et macrocosmes.
DICILA diffuse un amalgame d’images du réel et de l’imagination à partir d’idées non scientifiques sur les désastres planétaires. (Réchauffement climatique, ondes hyper technologiques et j’en passe…)
C’est une confusion sur des questions environne-mentales, logée dans une station de surveillance des glaciers.
Par une profusion de signes , nous assistons à l’éternel recommencement du mythe de Sisyphe, à une projection dans la caverne, à l’illusion devenue réalité, au vieillissement de l’enfance, aux effets d’un mouchoir usagé, à l’apparition possible du chaos.
« Je ne travaille rarement aussi bien qu’en vacances car j’ai tout mon temps, l’esprit libre et détendu ». Ces moments privilégiés me permettent d’axer mon travail en gardant un regard spontané, en toute confiance du présent imprévisible. Entre intuition, direction et intervention, la collecte d’images de vacances et de performances devient un prétexte pour rester connecté avec l’invisible.
............................................................................................................................................................................
TEXTE DE SIMONE DOMPEYRE ,
PROGRAMMATRICE et directrice artistique "TRAVERSE VIDEO " - 2014 -
rencontres internationales vidéo et performance Toulouse
HTTP://TRAVERSE-VIDEO.ORG/?ATTACHMENT_ID=1454
Un titre a du sens
et il se pose très tôt, en début de performance comme mode d’emploi. Des voix masculine et féminine répètent les adverbes… Mode biaisé cependant puisque ce sont des déictiques, dont on se souvient qu’ils ne prennent sens que dans une situation d’énonciation « ici » comme « là » dépendent du point où se tient le locuteur…ils changent ainsi constamment de localisation. Censés être précis, ils délocalisent autant qu’ils localisent. Ainsi ce « ici » est-il celui filmé, celui de l’image sur écran ou celui d’où cette image est vue ? par ailleurs, si « Ici » et « là » désignent le lieu, d’ici-là renvoie au temps.
La précision voire la vérité serait transformable…c’est le cheminement de ce travail. L’homme dans la plus grande simplicité du costume, pantalon ample et du tee-shirt blancs, dans la plus grande simplicité de ses pas, lents, posés, alors même visiblement que le corps sait la danse, dans la plus grande simplicité de ses gestes déplace des blocs blancs comme autant de morceaux de glaciers, ou les pose les uns sur les autres, ou se glisse sous le tapis du sol en finale.
Pourtant l’écran énonce le réchauffement climatique, la fonte des glaciers, la propagation incontrôlée des ondes…
Pour ce faire, la vidéo qui fait pendant dans notre ici à ce là lointain, revient à la base du cinéma de montage…tel espace devient concomitant à tel autre, la nageuse des mers des vacances nage désormais auprès de la banquise….la station de mesure des glaciers s’approche de sommets caillouteux où un homme/ermite reste, avant de précautionneusement pas à pas le quitter enveloppant sa taille et le bas du corps d’un parachute devenu jupe immense.
Cela pourtant est aussitôt court-circuité, car les raccords s’exhibent sans volonté d’illusion, la musique puise au New Age mais avec distanciation… Le performer a protégé ses pieds de chiffons blancs pour quitter sa montagne. les paysages réels se succèdent dans les couleurs attendues mais d’abord des macules perturbent cette logique avant des trainées voire des cascades de rouge plus inattendus. Plus encore, loin de camoufler la nature des blocs glaciaires qu’il déplace sur scène, il en prouve la légèreté alors que la vidéo décrit un fragment de polystyrène.
Dicila vit de ce passage constant. La performance n’indique pas LA Voie, elle ouvre la conscience, dans la liberté de la pensée… sans craindre de rappeler nos limites – et nos oublis en ses vacanciers dans l’eau- en un double rappel de cette nature d’humain. La gestuelle se fait l’écho des mouvements terrestres, outre le déplacement des glaces, le corps frissonne, se désarticule alors que la falaise s’éboule, comment ne pas mentionner ce rapport du microcosme – l’homme au macrocosme- le monde… l’un vivant de plus de l’autre.
Dicila opère de multiples rappels par le recours au mythe, puisque le rocher déplacé pourrait être celui de Sisyphe, - qui pour avoir cherché à duper le Dieux en détournant les hommes de la mort, fut condamné à pousser un rocher sur un mont d’où ce rocher retombait immanquablement, obligeant à recommencer cette tâche sans fin. Dicila le fait aussi par l’écho de la Caverne platonicienne…alors que le performer fait glisser sur lui la projection en petit de ce que l’écran projette en grand, quand il bouge pris dans l’obscurité, et, quand dès le départ, il est doublé par son ombre….
Il sort cependant de ces métaphores ; quand quittant l’espace de la projection, il s’assoit sur ses blocs posés sur le côté, et regarde la vidéo en même temps que son public qui l’intègre à cette vision. Ce ne sont plus ni montagne, ni mer, mais des mouchoirs froissés de papier, blanc bleuté, ils volètent dans cette poétisation filmique du petit.
Benjamin Begey implique très précisément la dimension vidéo qui n’a jamais quitté son propos…ni sa performance. D’emblée, il a travaillé sur la dimension écranique. Les premières images de la banquise n’ont été diffusées qu’en un tout petit espace circulaire dans le noir ambiant, le performer déplaçant le projecteur…avant que l’écran fût totalement occupé. Ensuite, lui-même, a été corps écran. Dans une forme de cinéma élargi, il participe pleinement, se glissant à tout moment entre la projection et l’écran…cela se duplique quand tenant un petit appareil, il fait de telle puis telle autre partie du corps, le support de couleur, de taches lumineuses alors qu’il est aussi touché par la vidéo « générale ».
En Dicila, il fonderait son propre et nécessaire écosystème artistique.
SCENOGRAPHE /DECORATEUR
La perception de mon environnement en tant que décorateur du spectacle m’a mené à créer une matière scénographique polymorphe à partir du polystyrène et du cycle :
Produire, consommer, nettoyer, trier, recycler, jeter.
Ainsi, un des points de départ du choix de matières s’est dirigé dans l’utilisation de déchets, plus précisément dans les chutes de fabrication de décor. Les grandes dimensions des ces décors produisent des chutes de polystyrènes qui m’ont offert des volumes au blanc irréprochable jetés dans une décharge.
Ici, la matière polluante se révèle comme la représentation d’environnements glacés. L’idée de reconstitution de la nature avec la cause même de sa disparition est née.
Cette matière polystyrène, qui protége nos objets et nous isole, émerge en un jeu d’icebergs, un glacier en toc duquel il faut se protéger.
L’illusion devient une réalité, le décor de banquise se retrouve à l’état de matière puis de déchet au cours de son utilisation dans la performance DICILA.
Trêve de plaisanterie et d’inexactitude, le polystyrène est maintenant recyclable pour protéger notre planète.